Les Equipes Madeleine Delbrêl
Historique
Dès son arrivée à Ivry, le 15 octobre 1933, Madeleine Delbrêl a vécu avec des compagnes partageant son projet de vie. Leur petite équipe s'appelait "La Charité de Jésus".
Elle s'est installée d'abord sur le Plateau d'Ivry, quartier déshérité de la périphérie, pour animer le Centre Social Paroissial.
Puis en 1935 elles se sont établies au centre ville, dans la maison du 11 rue Raspail, qui est devenue un lieu d'accueil et de fraternité pour des gens de toutes sortes.
Le nombre des compagnes s'accroissant, des petites Equipes se sont implantées successivement en monde rural, en banlieue parisienne, puis dans le bassin métallurgique lorrain, en Côte d'Ivoire, en Algérie, à Paris.
Après la mort de Madeleine en 1964 les équipières continuèrent d'habiter au 11 rue Raspail jusqu'en 2011 et à Amiens. Les dernières compagnes, Anne-Marie, Francette et Janette décédèrent en 2014 et 2015, Suzanne en 2018.
Christine de Boismarmin, compagne ayant connu Madeleine, écrivit la biographie de celle-ci dans un livre intitulé "Rues des villes, chemins de Dieu".
Les dernières équipières s’attachèrent, avec des amis, à faire connaître Madeleine en créant l’Association des Amis de Madeleine Delbrêl et en contribuant à publier ses écrits.
La vocation des Equipes de Madeleine Delbrêl :
"Nous croyons que l'Évangile a été écrit pour être vécu et nous pensons que Dieu nous appelle à le vivre ensemble. C'est tout."
(Nous autres, gens des rues - p 296)
"Nous désirons être et rester des laïques, c'est-à-dire des gens tout pareils aux autres. Nous n'avons qu'un seul but qui n'est pas un but d'action mais un but de vie: être à l'image de Jésus-Christ en vivant son Évangile…nous voudrions recommencer les premières fraternités chrétiennes."
(Inédit)
"Le célibat choisi est l'état de notre appartenance à Dieu. Il est aussi pour nous la condition de notre disponibilité à la charité."
( Charte des Equipes)
"Nous vivons de notre travail par petites équipes mettant tout en commun; équipes qui se veulent accueillantes à tous, attentives aux plus démunis, vie de frontière ouverte aux plus éloignés de l'Église."(Charte des Equipes)
J'aurais voulu...
"J'aurais voulu, uniquement, appartenir, entièrement et seulement à Jésus-Christ notre Seigneur et notre Dieu ; (…)
J'aurais voulu que, (…) Filles de Dieu et Filles de la Cité, elles doivent toujours aller "hors les murs" (…)
J'aurais voulu que, ces murs, sans cesse traversés, elles les retraversent dans un aller-retour continuel, entre les hommes et entre Dieu. (… )
J'aurais voulu que ces liens au Christ et à son Église soient pour les hommes clairs comme de l'eau,(… )
J'aurais voulu un célibat ardent et prudent, croyant aux brèches que les vraies solitudes font dans le monde, pour que Dieu vienne.
J'aurais voulu un amour non morcelé que le Premier Commandement entraîne jusqu'au verre d'eau, en étant passé par les exigences de la miséricorde et le grand appel apostolique impossible à mettre en morceaux, s'il est l'amour du Christ."(… )
J'aurais voulu..., tome XIV des Œuvres Complètes, Nouvelle Cité 2016, p18-20.
Dans ce texte écrit à Rome en 1956, Madeleine dit ce qu'elle a voulu vivre avec ses compagnes
Repères
Dans " Nous autres, gens des rues" (texte de 1938), Madeleine revendique pour de simples laïcs, pour les "n'importe qui" de "n'importe où", la possibilité, la grâce, l'appel à vivre une vie tout autant donnée à Dieu, livrée à Dieu, que cela peut se faire à l'intérieur d'un ordre religieux.
Elle affirme que c'est plongés dans le monde, immergés en lui, que nous serons plongés en Dieu. Et cela, dans un même mouvement de "rencontre".
Elle revendique finalement le droit pour n'importe quel homme d'être à la fois pleinement laïc, partageant tout de la vie de ses contemporains: leurs conditions de vie, leurs luttes, leurs joies et leurs peines…, et pleinement voué, donné à Dieu. Une telle revendication n'est pas originale, car c'est le tissu même de la vie chrétienne, telle que nous la propose Jésus-Christ.Elle est insolite cependant parce que ce programme est impossible à réaliser avec nos seules forces. On ne peut être par rapport à lui qu'en tension, en effort, en désir et sur le chemin… généralement au tout début du chemin …
( Rues des villes chemins de Dieu, Christine de Boismarmin)